Interview d’une mécanicienne professionnelle fière de l’être

Le 11 Octobre est la journée internationale de la fille et vu le nom de mon blog, je pouvais difficilement passer à côté de cette occasion ;) Je suis donc partie à la rencontre d’une lectrice du blog, Audrey, passionnée de mécanique qui a réussi à faire de sa passion son métier. Son expérience nous montre bien que les clichés sexistes ont parfois encore la vie dure mais nous pouvons toutes chacune à notre échelle, faire bouger les mentalités en assumant simplement notre personnalité. Écoutez votre petite voix intérieure car c’est en la suivant que vous vous épanouirez complètement. Le chemin est parfois semé d’embûches comme le confirme Audrey mais le jeu en vaut la chandelle !

Peux-tu s’il-te-plaît te présenter en quelques mots ? Age, profession ?
Coucou ! Je m’appelle Audrey et j’ai 20 ans. Je suis mécanicienne dans les engins de manutention. Je suis de nature discrète et peu bavarde. J’ai une passion pour la mécanique automobile depuis que je suis devenue accro à Gran turismo 1 sur ps1 (donc il n’y a pas si longtemps ;)).

Quel a été ton parcours scolaire ?
Mon parcours scolaire a été très long. J’ai fait un premier bac’ pro en agencement spécialité bois mais je suis devenue allergique aux bois. Ensuite, j’ai fait un bac’ pro en mécanique auto option A où j’ai obtenu le CAP. Malheureusement, je suis tombée sur la mauvaise entreprise et j’ai dérivé ma formation sur de la mécanique des engins de manutention et TP. Donc je suis actuellement en apprentissage pour un CAP avec une offre d’emploi derrière. La passion est plus forte que tout. Je suis issue d’une famille constituée que d’hommes (trois frères et un père) donc cela ne me gênait pas de travailler avec des hommes et puis ce ne sont pas des sauvages, il faut juste s’assurer qu’ils ne sont pas sexistes ;)

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J’imagine une conversation avec un homme qui dirait : les femmes dans l’automobile, j’adore….surtout légèrement vêtues sur la carrosserie de mon van :D

Pourquoi avoir choisi une filière représentée majoritairement par des hommes ? As-tu subi des moqueries, des réflexions du fait d’être une jeune femme dans un environnement masculin ?
Mon apprentissage dans l’automobile a été très rude. J’avais déjà une vie personnelle sinistre et déchue. J’étais insulté par l’autre apprentie de l’entreprise et il n’y avait aucune organisation. J’étais sans cesse en train de me faire critiquer, je finissais mes journées en pleur car ma passion était devenue mon pire cauchemar. Il m’a fallu un an pour m’en remettre, je ne pouvais plus rentrer dans un garage. J’étais laissé dans le tas de m**** sans formation, juste bonne à nettoyer des voitures à longueur de journée. Ma vie n’était pas facile, je vivais seule et mon patron bien sûr au courant de ma situation familiale particulière en avait rien à faire et me laissait échouer sans maître d’apprentissage. Si je dois donner un conseil : ne pas lâcher, j’étais destinée au casse-pipe, aujourd’hui je suis une passionnée qui vit son rêve.

Rencontres-tu des difficultés dans ton travail au quotidien du fait d’être une femme ?
J’ai beaucoup de mal à porter des choses trop lourdes, je fais que 53kg, mais je peux toujours compter sur mes collègues pour m’aider à porter. Puis il y a ma petite taille, qui aurait su qu’un escabeau serait un meilleur ami ? x)

Penses-tu que toutes les femmes peuvent se mettre à la mécanique ?

Toutes les femmes qui rêvent doivent avoir la force d’exaucer leurs vœux. Je suis petite, menue et ma voix est celle d’une enfant mais ma passion et ma soif d’apprendre la mécanique ont dépassé ces détails. Il faut croire en soi et être motivée car lorsqu’on parle d’une passion cela s’entend et les patrons le ressentent.

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Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaite commencer à faire l’entretien de son véhicule ? Par où commencer ?
Il y a des entretiens faciles à faire comme une vidange (les filtres et l’huile) ou les plaquettes de freins et les disques. Il faut juste retenir ou prendre en photo. Faire des repères ou des schémas aident aussi beaucoup pour se souvenir des différentes étapes. Moi, j’achète mes pièces sur internet, sur des sites comme oscaro, mister-auto…

Aurais-tu des astuces à donner pour éviter de se faire avoir chez le garagiste quand on a peu ou pas de connaissances ?
Tous les garagistes ne sont pas des voleurs, en général on sait ce qu’il y a à faire mais lors d’une panne dont on ignore la solution, c’est vrai que le garagiste est en bonne position pour « voler ». Cependant, si on est curieux et patient, tout peut se faire. Après, on peut toujours demander au garagiste de nous montrer ou de nous expliquer. Le savoir n’est pas forcément évident surtout sur les voitures récentes qui sont bourrées d’électronique.

Comment vois-tu ton avenir professionnel dans 5, 10 ans ?
Dans 5 ou 10 ans, je me vois bien dans l’entreprise actuelle où j’apprends en tant qu’ itinérante (c’est à dire, mécanicienne qui se déplace directement chez le client)

Que dirais-tu à mes lectrices qui hésitent encore à se lancer ?
Quand on y croit, on peut réussir !

Merci à toi, Audrey pour cette interview qui m’a beaucoup touchée. Tu peux être fière de ton parcours et je te souhaite le meilleur pour la suite tant personnellement que professionnellement !

Anne "Mecagirl"

Je préfère avoir les mains sous le capot plutôt qu'au fourneau. Je m'amuse à jouer avec les stéréotypes et à détourner les clichés.
Ma titine, je l'aime et je suis fière de prendre soin d'elle.